Parmi les objections faites au e-learning : c'est une formation de qualité médiocre… D'ailleurs est-ce seulement de la formation ? S'il a pu mériter cette réputation à l'origine, la situation a bien changé…
A l'origine on parle surtout de plateformes LMS et de contenus. Premières mauvaises affaires : réalisées par des grandes entreprises persuadées qu'il suffit d'investir dans un LMS pour changer les habitudes de formation… Du coup, on se concentre sur les contenus e-learning : sans contenu, pas de formation. Voilà qui pourrait sauver l’investissement LMS…
Flash back : les contenus se présentent alors comme des films d’écran d’une durée d’une heure ou plus. Scénario ? Indigent. Montage ? Inexistant. Qualité d'image : laissée à l'appréciation d'un concepteur pas forcément versé dans l'esthétique. L'apprenant décrochera rapidement… Bilan : un taux d’abandon qui restera soigneusement caché. Certes, l’esthétique pouvait parfois trouver son compte, par exemple quand une agence de communication venait s’en mêler : les écrans s'ébouriffaient soudain de mascottes bavardes et sympathiques, de couleurs chatoyantes et d'animations diverses… propres à détourner l'attention de l'apprenant d’un contenu pédagogique souvent étique, au service d’une stratégie d’apprentissage absente.
A observer les progrès considérables effectués depuis dans la qualité e-learning, on a le sentiment d'un changement d'époque. Qu'ils soient produits par des agences spécialisées ou des éditeurs de catalogue sur étagère, les modules e-learning ont fortement évolué. Ils ne dépassent guère 30 à 40 minutes aujourd’hui - voire 10 à 15 minutes, dans le cas des contenus sur mesure, jusqu’à déboucher sur ce qu’on qualifie de micro-learning. La scénarisation est passée par là : même dans les projets «rapid learning», on évite de se lancer sans scénario ni story board… N'est pas JL Godard qui veut. Story telling : c'est la clé… Des personnages, une situation (un problème), une montée en tension, le dénouement… suivi d’un quiz pour s'assurer de la rétention des messages clés par l'apprenant. Le rich media est apparu ; les modules e-learning intègrent de plus en plus souvent vidéo, son, bande dessinée, etc. venant en support d’activités pédagogiques variées et cohérentes. Les acteurs de l'offre ont donc tiré les enseignements des premiers travaux. Les savoir-faire sont là, qui s'expriment dans des équipes pluridisciplinaires - concepteurs pédagogiques, graphistes, développeurs informatiques… - pour aboutir à des contenus qui devraient satisfaire les apprenants les plus exigeants.
Cependant la qualité e-learning est une question qui dépasse ces seules considérations. Les contenus sont essentiels, mais ils ne peuvent être isolés d'une stratégie de formation globale. Force est de constater qu’en matière de «blended learning», les progrès sont réels, là aussi… Assez pour ouvrir la porte à ce rêve ancien d'une formation pleinement individualisée, continue (tout au long de la vie) et riche assez pour «engager» l'apprenant. La valeur ajoutée des différentes modalités de formation est bien identifiée, la capacité des entreprises à les agencer dans des dispositifs efficients et optimisés commence à être maîtrisée… Même si celles-ci peinent parfois encore à se doter des compétences d’architecture nécessaires.
Reste à faire passer le message à l’ensemble des acteurs concernés - apprenants et managers en particulier. Il n’y a pas de blended learning heureux sans un véritable plan de conduite du changement.
FD
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